Les otologistes sont constamment confrontés aux difficultés diagnostiques de la maladie de Ménière. Le diagnostic est facile quand le tableau clinique est complet. Dans le cas contraire, il reste difficile et ne peut être obtenu qu’après des interrogatoires poussés et répétés et grâce à un suivi régulier du patient.
Les épreuves osmotiques et l’électrocochléographie ont été décrites et utilisées comme des moyens paracliniques aidant le clinicien dans sa démarche diagnostique.
Les épreuves osmotiques apportent la preuve diagnostique de la maladie de Ménière en objectivant la réversibilité des symptômes de l’hydrops endolymphatique. Selon le stade de la maladie, la symptomatologie peut être due à l’hydrops endolymphatique ou à ses conséquences. L’électrocochléographie serait plus sensible quel que soit le stade de la maladie de Ménière. Les expériences rapportées par la plupart des auteurs démontrent l’utilité diagnostique de cet examen électrophysiologique.
Classiquement, l’électrocochléographie se réalisait de façon invasive. Pour mettre en évidence l’activité de la cochlée, une électrode trans-tympanique était placée sur le promontoire, sous anesthésie générale ou locale. Du fait de ce caractère invasif, l’utilisation de l’électrocochléographie a été limitée aux études cliniques et aux centres d’otologie spécialisés.
Dans le service d’Otologie et d’Otoneurologie du Pr F.M. Vaneecloo, nous utilisons une méthode qui permet la réalisation d’un examen électrocochléographique non invasif utilisant une électrode, mise au point par le Dr C. Vincent, qui s’applique sur la partie inférieure du tympan en regard de la fenêtre ronde (nommée : électrode juxta-tympanique).
Grâce à cette nouvelle approche technique, nous avons réalisé pendant la période 1998 – 1999 une étude clinique chez des patients présentant soit une maladie de Ménière certaine (diagnostiquée par la clinique et/ou l’épreuve osmotique) soit une suspicion diagnostique de maladie de Ménière. Les patients ont bénéficié d’une courte hospitalisation (24 à 48 heures) et d’un bilan biologique. L’électrocochléographie a été couplée au test au Mannitol avec la réalisation de deux électrocochléographies, avant et après la ou les perfusions du Mannitol. Nous avons ensuite étudié, pour chaque patient, les constantes électrophysiologiques à la recherche des critères diagnostiques, ainsi que des modifications de ces constantes sous l’influence du Mannitol.
Ce mémoire présente les résultats de cette étude. L’objectif est de démontrer, d’une part l’intérêt diagnostique de l’électrocochléographie, et d’autre part l’intérêt et la place thérapeutique des produits osmotiques dans la maladie de Ménière. Les patients dont l’électrocochléographie présente les critères requis ont un hydrops endolymphatique. En cas de modification des constantes électrocochléographiques, constatée après le test au Mannitol, nous considérons qu’une thérapeutique à base de produit osmotique a de grandes chances d’efficacité.
Avant de présenter l’étude, nous allons commencer par un rappel, essentiellement nosologique, de la maladie de Ménière. Ensuite, seront décrits, en trois chapitres, les épreuves osmotiques, l’électrocochléographie et le protocole du test au Mannitol utilisé dans notre étude. Enfin, la présentation de quelques cas cliniques, choisis parmi la population étudiée, apportera des éléments plus concrets.
Je tiens à remercier le personnel paramédical de notre service pour leur aide précieuse, en particulier nos chers techniciens Mr Pascal Verbauwhede et Mme Dominique Van Landschoot, sans qui ce travail n’aurait pas pu être réalisé.