Conclusion

 

L’étude de la maladie de Ménière est passionnante. Ce  travail sur la maladie de Ménière, dont l’objectif principal était de présenter notre expérience clinique, a été mené avec un grand plaisir.

En effet, la maladie de Ménière, depuis sa découverte par Prosper Ménière, a fait couler beaucoup d’encre et continue à attirer l’attention des chercheurs et des cliniciens. Elle reste, malgré tout, encore mystérieuse et passionnante de part ses difficultés et ses incertitudes diagnostiques, évolutives et thérapeutiques.

Sur le plan physiopathologique, l’hydrops endolymphatique qui est considéré de façon quasi unanime à l’origine de la symptomatologie, reste encore idiopathique. La multitude d’hypothèses étiopathogéniques évoquée, jusqu’à ce jour, témoigne de notre incapacité à explorer l’oreille interne. L’oreille interne ne peut être, en effet, explorée par aucun procédé expérimental in vivo, sans que celui-ci ne soit invasif.

Sur le plan diagnostique, nous avons vu l’absence de signe clinique spécifique et/ou pathognomonique dans cette affection. Son diagnostic est, essentiellement,  évoqué devant un faisceau d’arguments cliniques non spécifiques et après avoir éliminé les diagnostics différentiels.  Il peut être facile quand le tableau clinique est typique. Mais, les formes atypiques et/ou incomplètes de la maladie de Ménière sont constamment rencontrées dans la pratique clinique et provoquent des difficultés diagnostiques, par conséquent un retard dans la prise en charge thérapeutique.

Les seuls examens paracliniques qui peuvent apporter des arguments diagnostiques positifs, sont :  l’épreuve osmotique (test au Mannitol) et l’électrocochléographie « juxta-tympanique ».  

Nous avons vu les intérêts diagnostiques et thérapeutiques des produits osmotiques.  L’amélioration de la symptomatologie, et notamment de la surdité, après l’injection ou l’ingestion des produits osmotiques constitue un argument diagnostique positif et témoigne du stade réversible de la maladie.

L’électrocochléographie   juxta-tympanique, telle  que  nous  avons  décrite,  peut être réalisée de façon  quasi-systématique et associée au bilan  cochléo-vestibulaire

classique. Elle apporte des arguments diagnostiques objectifs en mettant en évidence l’anomalie électrique caractéristique de la maladie de Ménière qui est l’augmentation de l’amplitude du potentiel de sommation. Sa réalisation précoce permet d’accélérer la prise en charge de la maladie et facilite grandement le diagnostic des formes atypiques ou incomplètes.

Sur le plan thérapeutique, aucun traitement curatif n’a été proposé, à ce jour, pour cette affection. Son traitement reste essentiellement symptomatique. Dans le chapitre du traitement de la maladie de Ménière, nous avons vu les différentes modalités thérapeutiques. D’après notre expérience, la prise en charge thérapeutique doit être précoce et adaptée à chaque cas.

Avant tout, elle comprend une information sur la maladie, et une prise en charge globale tenant compte des aspects psychologiques et du contexte social du sujet atteint. En effet, il s’agit ici d’une affection anxiogène dont les symptômes, en particulier les crises de vertige, peuvent engendrer des syndromes psychiatriques avec notamment des épisodes de dépression. Le vécu de la symptomatologie est aussi variable en fonction du sujet et de son état psychique et influence l’évolution naturelle de la maladie.

Le traitement médical de fond, dans les formes non rebelles, stabilise la maladie en diminuant d’une part la fréquence et l’intensité des crises de vertige et d’autre part les séquelles auditives. Dans notre pratique, nous utilisons les produits osmotiques à long terme, et surtout devant une Ménière avec un test au Mannitol positif.

L’indication chirurgicale est posée dans les formes invalidantes et rebelles aux traitements médicaux  bien conduits. En première intention, et surtout en l’absence d’une surdité importante, le traitement chirurgical proposé est un traitement conservateur, en l’occurrence la neurectomie vestibulaire par voie sus - pétreuse qui  tout en apportant la guérison symptomatique permet, dans la majorité des cas, une conservation de l’audition.

En effet, l’analyse de notre étude clinique sur 80 neurectomies par voie sus- pétreuse, dans le chapitre précédent,  démontre d’une part l’efficacité de ce traitement chirurgical (95%) et d’autre part le faible risque encouru par le patient notamment en ce qui concerne l’audition (91,5% de conservation de l’audition).  La conservation de l’audition constitue une préoccupation majeure d’autant plus que la maladie se bilatéralise dans un certain nombre non négligeable de cas.

La prise en charge post-opératoire d’un patient neurectomisé constitue encore, une étape clinique importante. Il faut accompagner le patient pendant la période de compensation centrale par une rééducation vestibulaire adaptée et des examens vestibulaires de contrôles. La réhabilitation de l’audition peut être envisagée, en fonction de la gêne fonctionnelle ressentie par le patient, par des prothèses auditives avec notamment la prothèse auditive à ancrage osseux  (BAHA). Elle permet d’apporter, dans les cas de subcophoses ou de cophoses, un confort auditif stéréophonique.