V.
Discussion :
La
neurectomie vestibulaire est une arme efficace pour guérir le vertige
invalidant de la maladie de Ménière. Elle
ne permet pas une guérison définitive de la maladie de Ménière. Il s’agit
d’un traitement symptomatique et son intérêt majeur réside dans la
conservation de l’audition.
Les
voies d’abord pour la section des nerfs vestibulaires peuvent être différentes
en fonction de l’école et du chirurgien. La voie d’abord sus-pétreuse,
comme nous l’avons décrite dans le chapitre précédent, permet, en
particulier, de garantir une guérison plus certaine, grâce à une neurectomie
vestibulaire associée à la résection du ganglion de Scarpa.
Avec
les progrès de la micro-chirurgie et le monitorage per-opératoire, les risques
opératoires de cet abord sont devenus modérés, comme en témoigne notre étude
clinique.
En
effet, dans notre série de 80 neurectomies chez 78 patients, nous n’avons
observé aucune mortalité ni de complication grave. La guérison symptomatique
a été obtenue dans 95% des cas.
Le
risque de paralysie faciale lors de cet abord chirurgical a toujours été
considéré comme important par la majorité des auteurs.
Dans notre expérience, bien que cette complication ait été observée
dans 24% des cas, mais la récupération a été quasi systématique et
obtenue dans les délais tout à fait raisonnables (dans 77% des cas en
moins de 6 mois), sans aucune séquelle fonctionnelle. Le traitement corticothérapique
immédiat et la prise en charge de cette complication ont été très
probablement à l’origine de nos résultats.
La
conservation de l’audition a été obtenue dans 91,5% des cas. La cophose
post-opératoire peut être en rapport avec soit une ouverture intempestive du
canal semi-circulaire supérieur lors de son repérage par fraisage de
l’arcuata présentant une pneumatisation importante (3 cas dans notre série),
soit une origine ischémique lors de la manipulation nerveuse. Le monitorage
per-opératoire du nerf cochléaire permet sans aucun doute de diminuer ce
risque.
Depuis
l’utilisation systématique de ce monitorage le pourcentage de cette
complication a été sensiblement plus faible (graphique
3).
La
quasi-totalité des patients guéris, avaient repris une activité
socio-professionnelle normale 2 à 3 mois après l’intervention. Ils sont
tous, à l’interrogatoire, prêts à subir
une nouvelle fois cette intervention si cela était nécessaire.
Cette constatation est le témoin d’une part de l’aspect invalidant
des crises de vertige de la maladie de Ménière, et d’autre part du bénéfice
apporté par la neurectomie vestibulaire. Sous réserve, bien entendu, d’une
intervention réglée et réalisée par un chirurgien expérimenté chez un
patient auparavant bien informé sur sa maladie et sur le traitement chirurgical
proposé.