C) Etiopathogénie :

            L’étiopathogénie de la maladie de Ménière reste encore, très largement, méconnue. Le nombre élevé d’hypothèses formulées sur son origine, nous fait comprendre qu’il existe beaucoup d’incertitude et la maladie de Ménière reste encore idiopathique. Les hypothèses étiopathogéniques évoquées sont : immunitaire, neurovégétative, psychosomatique, vasculaire, électrolytique, mécanique, endocrine, métabolique, virale et allergique. Parmi ces hypothèses, nous en retenons 4  pour une description succincte.

·                    Hypothèse immunitaire :

         Une médiation immunologique semble entrer en ligne de compte dans certaines maladies de Ménière [Portmann ; Yoo et coll. (74, 101)]. Un syndrome inflammatoire non spécifique est retrouvé par le bilan inflammatoire (vitesse de sédimentation, dosage des Ig, recherche de complexes immuns circulants et de cryoglobuline, étude du système complémentaire) dans plus de 50% des cas. Les tests spécifiques de l’oreille interne (tests de transformation lymphoblastiques, tests d’immunofluorescence indirect) sont positifs dans 30% des cas [Lejeune et coll. (44)]. La corticothérapie permettrait d’obtenir une amélioration significative de l’audition chez tous les patients ayant des tests spécifiques positifs, contre 50% des cas avec des tests négatifs. Néanmoins, malgré tous les travaux consacrés au domaine immunologique, rien ne permet, à l’état actuel, d’affirmer que ces stigmates immunologiques sont à l’origine de la maladie de Ménière ou seulement témoin d’un processus inflammatoire.

·                    Hypothèse vasculaire :

           Une atteinte primitive, congénitale ou autre, du système veineux de l’aqueduc du vestibule peut être à l’origine d’une hyperpression veineuse en amont. Cette stase veineuse engendrerait  l’hydrops  en  retentissant sur le fonctionnement des régions sécrétoires, sur les mécanismes de transport liquidien et sur l’écoulement de l’endolymphe [Tran Ba Huy et coll. (94)]. L’atteinte de microcirculation de cette partie du vestibule serait le substratum de diverses étiologies invoquées ailleurs : déficit métabolique, artériosclérose, déséquilibre neurovégétative, stress ou allergie.

             Un spasme artériel a été également évoqué. L’hydrops résulterait d’un spasme des sphincters précapillaires de la strie vasculaire [Tran Ba Huy et coll. (94)].

·                    Hypothèse neurovégétative :

           Le dysfonctionnement neurovégétatif est une hypothèse étiopathogénique qui a été évoqué  par Von Rosemberg en 1960. Certains auteurs, se basant sur cette hypothèse, ont étudié l’oculomotricité intrinsèque (la réponse pupillaire) à la recherche des anomalies de contraction, comme témoin de désordre neurovégétatif, chez les patients atteints de maladie de Ménière [Guidetti et coll. (34)]. Il semble que chez certains de ces patients, en période intercritique,  il existe une petite anisocorie et une réactivité normale et symétrique à la métacholine. Pendant la crise vertigineuse, on constate une anisocorie de base et une contraction bien plus importante (hyperréactivité à la métacholine), surtout du côté de l’hydrops. La maladie de Ménière serait ainsi caractérisée par une hyperréactivité pupillaire cholinergique, typique et indépendant des réflexes neurovégétatifs labyrinthiques. Les auteurs n’ont pas déterminé le niveau anatomique de l’anomalie neurovégétative, mais il pourrait s’agir d’un dysfonctionnement central.

·                    Hypothèse psychosomatique :

              L’existence de troubles psychologiques dans la maladie de Ménière a été évoquée dès 1933 par Schilder. Puis, en 1970, Hinchclinffe suggère une origine psychosomatique pour cette affection. Les travaux de Brightwell, en 1975, révèlent une corrélation entre la sévérité des troubles et le degré d’altération psychologique [Martin et coll. (53)]. Ces travaux ne permettent pas d’affirmer l’origine psychique de la maladie de Ménière. Ils permettent, par contre, d’affirmer l’existence, chez de très nombreux patients atteints, d’un profil psychologique particulier. Les tests psychométriques d’auto-évaluation retrouvent une personnalité psychopathologique marquée par de l’anxiété, une tendance dépressive et de la phobie. Il existe une corrélation entre l’importance de la surdité, la fréquence des crises vertigineuses et la gravité des troubles psychiques. Ces données doivent être prises en considération dans la manière de traiter les patients atteints de maladie de Ménière.

 

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